Aïcha Dupoy de Guitard, dont le beau nom à rallonge évoque un temps lointain et révolu, n’appartient pas vraiment à notre monde moderne, et on l’envie. Cette Ondine armoricaine semble habiter des forêts ancestrales, y suivre des cours d’eau clandestins, y surprendre des animaux disparus et emprunter des sentes oubliées qui la mènent jusqu’aux profondeurs secrètes de la mer d’Iroise.
A cheval sur son cher Ouragan à la robe de jeune châtaigne, à moins qu’elle ne monte Morvac’h, ce buveur de vent et d’océan, Aïcha traverse, aux trois allures, des lieux inviolés et des landes sauvages. En selle ou pied à terre, elle ne photographie pas la nature, elle la célèbre de l’intérieur, en son cœur vibrant. Ses images sont des épiphanies et ses perspectives, des poèmes en vers libres. Sous des canopées aux allures de cathédrales, dans des lumières naturelles de vitraux médiévaux, portée par la symphonie des ululements, des croassements et des brames, elle offre de la durée à ce qui est éphémère et de la profondeur à ce qui est invisible.
Aïcha ne tient pas son pouvoir de son appareil-photo, mais de son plus fidèle compagnon, Ouragan, qui la précède sur le chemin de la beauté du monde et l’y conduit. Pour le remercier, elle caresse son encolure comme si c’était l’écorce veinée d’un vieil arbre. Vous n’entendrez jamais ce que se disent, entre chien et loup, la cavalière et son cheval. A moins que vous ne sachiez écouter les silencieuses, harmonieuses, amoureuses et merveilleuses photographies qu’elle nous offre aujourd’hui. On tend l’oreille, on aimerait tant y vivre.
"Merci pour ces images hantées. Arbres et araignées vus par vous, ont la puissance d'un coup de foudre et d'un poème."
L'encolure des rêves, réalisé avec Guillaume Prié.